Communiqué de presse
Le Cupidon de Château Renaud – collection Musée Gaumais
Un classement au patrimoine mobilier
Cet été, le Musée Gaumais peut se ravir d’une bonne nouvelle concernant une des œuvres qu’il conserve : le Cupidon de Château-Renaud est à présent classé comme “trésor” par la Communauté française !
En effet, l’arrêté ministériel de la Communauté française de Belgique de ce 20 juillet 2022 a officiellement classé cette statuette romaine avec la qualification de trésor en raison de sa valeur artistique et archéologique.
Le 25 novembre 2021, la session Protection du Patrimoine culturel mobilier avait émis un avis particulièrement favorable à ce classement, soulignant la valeur exceptionnelle de cet objet archéologique. Son état de conservation, sa rareté, sa grande qualité d’exécution et son lien avec l’histoire et l’histoire de l’art lui confèrent une justification solide pour veiller à son classement, à sa protection et à sa conservation.
Si le personnel du Musée Gaumais et les spécialistes régionaux en avaient déjà la certitude, voilà qui est chose faite… et officielle.
Ce qu’il faut savoir sur le Cupidon de Château -Renaud
Quelques points qui expliquent pourquoi cet objet est exceptionnel.
Il s’agit d’une statue datée du IIe siècle, représentant un jeune garçon nu en pied. Nos connaissances iconographiques l’identifient comme Cupidon, dieu de l’Amour chez les Romains.
Il fut mis au jour sur le site fortifié de Château-Renaud, dans un puits du IVe siècle, fouillé en 1990 par l’équipe archéologique du Service des Fouilles de la Région Wallonne (désormais appelé AWaP), dirigée à l’époque par l’ancien conservateur du musée, Gérard Lambert.
Ce contexte de découverte souligne l’intérêt de ses propriétaires à l’époque gallo-romaine puisqu’elle a été conservée durant plusieurs siècles (et donc plusieurs générations).
Haute de 48 cm, cet objet en alliage cuivreux (tel que le bronze) a été réalisé avec dextérité et savoir-faire par un artiste romain suivant la technique de la cire perdue.
Son style rappelle celui des productions antiques méditerranéennes… toutefois, les experts ne s’accordent pas sur son origine : plutôt provinciale, issue d’artistes itinérants ou de courants commerciaux venant du sud de l’Empire ?
La posture de ce Cupidon correspond au contrapposto antique, c’est-à-dire un léger déhanché où les lignes des épaules et des jambes s’opposent.
Deux encoches dans son dos laissent à penser qu’il portait de petites ailes tandis que la position de la main suggère qu’il tenait un de ses attributs (l’arc à flèches, par exemple).
S’il existe d’autres objets archéologiques de ce type en Europe, il est rare de trouver une œuvre de cette taille et de cette qualité en Gaule du Nord, aussi bien conservée qui plus est… !
La présence de cette statue remarquable en territoire trévire étonne également de par l’absence de contexte cultuel dans nos régions. Il revêt ainsi probablement un caractère de dévotion privée, que l’on devrait à une famille plutôt riche, peut-être liée à un site plus grand (centre urbain, forum ou complexe cultuel) comme on en connaît des traces ailleurs… Mais son arrivée à la fin de l’Antiquité dans un petit fortin reste un mystère.