C’est un artiste autodidacte, véritable touche-à-tout influencé par les plus grands peintres, dont Emmanuel Grégoire, avec son expertise habituelle, a livré toutes les facettes lors de sa conférence du 24 novembre 2021, à 19h. L’œuvre de la semaine lui est dédiée : « Ernest Bernardy, un artiste aux talents multiples »
Bernardy n’est pas né « chez nous », si l’on peut dire, mais à quelques encablures. C’est à Athus, en 1923, qu’il voit le jour. Il débarque en Gaume pour suivre les cours de l’Ecole normale de Virton; il en ressort instituteur en 1943. Enfin, il sera professeur de dessin et de céramique à l’Athénée de Virton jusqu’en 1986. En 2000, la Gaume perdra cet artiste qui a su si bien décorer ses murs de mosaïques colorées.
Sa région natale, Bernardy, la représente dans son œuvre. Dans l’ouvrage « Les îles où je demeure », J. Culot, l’auteur qui fut surtout son ami, lui demande quels furent en peinture ses thèmes favoris ? « Ils suivirent, comme souvent, la géographie de mon existence : charbonnages et sidérurgie, la Gaume (Saint-Mard en particulier) et puis la Provence (…) », répond-il. Dans ses tableaux, les usines fument, noires et sombres, les cheminées se dressent… rouges, jaunes, les flammes s’en échappent, toujours flamboyantes. Mais ses autres sujets sont tout aussi flamboyants de couleurs et de hardiesse.
En s’installant en Gaume, le peintre-céramiste ne pouvait pas manquer de s’allier à un autre citoyen d’Athus, Edmond Fouss (1894-1987), fondateur et premier conservateur du Musée gaumais. C’est bien normal. Outre leurs origines communes, ce dernier était également professeur à l’Ecole Normale de l’Etat, contigüe à l‘Athénée, mais il savait surtout entourer son institution d’artistes de premier plan. Nombreux sont ceux qui illustreront les publications du musée alors bien jeune : Pierre Nagant, Marguerite Brouhon, Paulette Lagosse, Irène Van der Linden, Jean Lejour et bien d’autres.
Bernardy, lui aussi, a fait partie du « cercle artistique » de la première heure. Avec leur même parcours, n’est-ce pas aussi leur amour du patrimoine qui rapprocha les deux hommes ? Ernest Bernardy réalisa toute une série de dessins d’églises et de croix de chemin. Un travail qui le mena à nouveau au Pays d’Arlon ; il représenta alors plusieurs calvaires à Athus, Aix-sur-Cloie, Turpange, Hondelange et Guerlange. Finesse du trait, détails soignés, ces croquis sont d’une richesse incroyable pour la connaissance, mais aussi la sauvegarde d’un petit patrimoine populaire souvent négligé et oublié. Mais, il illustra et s’illustra encore dans la Chronique trimestrielle du Musée ainsi qu’avec des cartes postales souvenir, sur des thèmes de sa région d’adoption.
L’intérêt du patrimoine toujours en tête, et grâce à l’alliance et le talent de ces deux hommes, le lien fut-il forgé, en ce pays métallurgique le long de la limite sud de la Gaume, pour relier des villages que la centralisation administrative des fusions de communes n’aurait pas dû désunir : Saint-Mard, Signeulx, Musson, ainsi qu’Halanzy et Aubange. La « Ligne Athus-Meuse » de l’art, en quelque sorte !
Illustration : Calvaire n° 2, route d’Athus à Guerlange, daté de 1805 – Dessin par Ernest BERNARDY, coll. Musée gaumais